dimanche 28 décembre 2008

Davaitaadvaita, précis de lecture.

L'étude de l'advaita (Advaitavedanta) est certainement une condition première a l'étude éclairée des textes védiques et de nombreux textes bouddhiques qui ont cheminés étroitement avec ces derniers dans l'histoire. Outre les causes , qui ont poussés bouddha a rejeter les vedas suite a la dissolution et dérives des pratiques qui le caractérisait a cette époque, nous devons reconnaître le fil conducteur au-dela de l'adaptation de la forme aux nécessités de l'époque et de l'âge en cours.

Le concept d'advaita traduit l'unité , dans la dualité entre l'atman individuel et le Brahman omniprésent, ou total.
C'est sa compréhension qui fait du sanskrit, la langue utilisée pour la rédaction de certains de ces textes sacrés, bien plus qu'un moyen mémotechnique entre plusieurs significations : c'est véritablement une suite logique a comprendre, et un mot trouve son sens dans le contexte de la phrase, a l'image de la 'relativité objective' de la Vie. Nous y reviendrons.

Ainsi donc selon le point de vue, la définition du concept utilisé va changer -parfois grandement- pour un même mot ! Dépendament que l'on fasse allusion a la matière, maya, ici vue comme le pouvoir illusoire et complexe de Brahman, qui est cencé le rendre perceptible dans le monde distinct de la matière, ou qu'on évoque Brahman, le Principe Cosmique supérieur engendrant ses émanations. Voici donc quelques lignes nécessitant probablement un effort de compréhension proportionel a son effort de rédaction :)

Mâyâ a deux fonctions principales : la première est de devoir cacher le Brahman aux esprits humains, et l'autre est de devoir présenter le monde matériel comme vrai. La Mâyâ est aussi indescriptible. Elle est ni complètement réèlle ni complètement fausse, donc indescriptible. Son abri est Brahman, mais Brahman lui-même n'est pas atteint par l'impiété de Mâyâ, de la même manière qu'un magicien n'est pas trompé par sa propre magie. La Mâyâ est temporaire et est détruite avec la vraie connaissance .

C'est ainsi que l'atma est ce qui demeurre, car au-dela du temps, émanation même de Brahman. Nous y reviendrons. En dehors du Brahman, rien d'autre, y compris Dieu, l'univers, les objets matériels et les individus, n'est vrai :le Brahman est ainsi décrit comme la réalité infinie, omniprésente, toute-puissante, incorporelle, impersonnelle, transcendante et immanente, qui est l'essence divine de tout existence, traduisant trés bien un Principe Cosmique, a la base du monde matériel, qui est sa transformation illusoire. Le Brahman est la cause du monde. On dit de lui qu'il est la connaissance la plus pure et qu'il resplendit comme une source de lumière infinie, éclairant les zones d'ombre de l'ignorance. Maya n'en est qu'un aspect.

En raison de l'ignorance (avidyâ), le Brahman est confondu avec le monde matériel et ses objets, d'ou la dualité, pure contradiction de la dialectique, causée par l'absence (ou l'oubli) de référents communs.

Toutefois en cherchant la vérité par le biais de son esprit, lorsque l'homme essaie de connaitre les attributs de Brahman, sous l'influence de Maya, Brahman est perceptible comme étant Îshvara. Ishvara est Brahman avec la Maya. Le Seigneur Suprême est vrai seulement dans le niveau pragmatique — sa véritable forme dans la sphère transcendantale est l'Esprit Cosmique .

Nous approchons du concept de non-dualité avec Ishvara, qui est tout parfait, omniscient, omniprésent, incorporel, indépendant, le créateur du monde (Brahmâ), son protecteur (Vishnou) et aussi son destructeur (Shiva). Il est sans raison, éternel et invariable — et est pourtant la cause matérielle et la cause efficiente du monde. Il est deux fois immanent comme la blancheur du lait et transcendant . Il est le sujet d'adoration et est la source de la moralité et le donateur des fruits du Karma ,mais , il est au-delà du péché et du mérite. Il gouverne le monde avec sa Mâyâ , mais cette association avec une connaissance illusoire n'affecte pas la perfection d'Îshvara, comme le même magicien ne s'est pas trompé par sa magie. Cependant, si Îshvara est le seigneur de la Mâyâ, qui est toujours sous son contrôle, les êtres vivants (jiva, dans le sens d'humains) sont les serviteurs de la Mâyâ (par le biais de l'ignorance). Cette ignorance est la cause du chagrin et du péché dans le monde mortel.

Car de ce point de vue pragmatique et individuel vient l'idée de prendre la matière pour les bornes du monde - ou l'oubli de considérer la nature causale des choses ; la Connaissance vraie n'ouvre t-elle pas nos esprits a l'incompréhensible ?

Le sens d'unité , enfin, vient du fait que L'âme, ou le soi (Âtman), est exactement égale à Brahman.

Ce n'est pas une partie de Brahman qui se dissout finalement dans Brahman, mais le Brahman entier lui-même ! Quand le reflet de l’Atman tombe sur Avidyâ (l'ignorance), l'Âtman devient jîva — un être vivant, avec un corps et des sens. Chaque jîva se sent comme s'il avait son propre Âtman, unique et distinct, appelé jîvâtman, "âme individuelle" (on retrouve le concept de conscience, a un niveau précis) . Le concept de jîva est vrai seulement au niveau pragmatique. Au niveau transcendantal, seul l'unique Âtman, égal à Brahman, est vrai. A ce niveau on ne parlerait plus de globules mais de flux sanguin...

Seulement la vraie connaissance du Brahman peut détruire Maya - quand la Mâyâ est enlevée, il n'existe finalement pas de différence entre le Jîva-Âtman et le Brahman. Un tel état de félicité, appelé Moksha ("Délivrance"), qui revient a comprendre notre liberté de globule dans le flux sanguin peut être atteint même pendant que l'on vit (jîvanmukta : "délivré vivant"). Pendant que quelqu'un est dans le niveau pragmatique, il peut (et doit) adorer Dieu de quelque façon que ce soit et sous n'importe quelle forme... Les fruits Lui reviennent par le processus même de réunification.

Pour ce processus il est dit 'naturel' ; la pureté revient avec l'unification et tout processus spirituel dans la matière provient de CE souvenir initial d'unification. L'ensemble des Atman, sont autant de prismes de manifestation dans la matière de Brahman, notre devoir étant de passer au-dessus d'autres formes de distinctions dûes au faux-égo;

Ainsi on lit de facon éclairée le verset 39 du livre du tao:
Voici les choses qui jadis ont obtenu l'Unité.
Le ciel est pur parce qu'il a obtenu l'Unité.La terre est en repos parce qu'elle a obtenu l'Unité.
Les esprits sont doués d'une intelligence divine parce qu'ils ont obtenu l'Unité.
Les vallées se remplissent parce qu'elles ont obtenu l'Unité.
Les dix mille êtres naissent parce qu'ils ont obtenu l'Unité.
Les princes et rois sont les modèles du monde parce qu'ils ont obtenu l'Unité.
Voilà ce que l'unité produit.
Si le ciel perdait sa pureté, il se dissoudrait ;
Si la terre perdait son repos, elle s'écroulerait ;
Si les esprits perdaient leur intelligence divine, ils s'anéantiraient ;
Si les vallées ne se remplissaient plus, elles se dessécheraient ;
Si les dix mille êtres ne naissaient plus, ils s'éteindraient ;
Si les princes et les rois s'enorgueillissaient de leur noblesse et de leur élévation, et cessaient d'être les modèles (du monde), ils seraient renversés.
C'est pourquoi les nobles regardent la roture comme leur origine ; les hommes élevés regardent la bassesse de la condition comme leur premier fondement.
De là vient que les princes et les rois s'appellent eux-mêmes orphelins, hommes de peu de mérite, hommes dénués de vertu.
Ne montrent-ils pas par là qu'ils regardent la roture comme leur véritable origine ? Et ils ont raison !
C'est pourquoi si vous décomposez un char, vous n'avez plus de char30.(Le sage) ne veut pas être estimé comme le jade, ni méprisé comme la pierre.


Le point de vue transcendental, ou cosmique est donc le seul qui permette de situer l'homme dans la mécanique universelle. A ce niveau la dualité est transcendée, (le but de la 'délivrance') la matière devient un aspect de brahman, et l'Atma -immuable- en est sa nécessité, et inversement. L'équilibre est percu de cet angle, ainsi que notre rôle et nécessité propre. L'ignorance Avidyâ -SEULE- est la raison de cette dissociation, amenant la douleur, la peur,la frustration et la jalousie , l'inquiétude et la colére , et c'est pourquoi aussi l'ignorance est, dans la matière, la raison a la déliquiscence du monde ; a l'image du choix initial de la chute, l'ignorance .

A ce sujet la lecture des yugas, grands cycles de notre planéte, ne sauraient avoir un sens complet sans évoquer l'éloignement de la conscience seulement proportionel a la montée de l'ignorance , qui, hors du temps, n'a d'autre sens que faisant parti de la Nature de Brahman.

En effet, un autre angle d'attaque de ce concept de dualité dans l'unité est l'assimilation de notre être a notre corps périssable, nous faisant soudainement croire, dés l'incarnation, que nous sommes sujets a une ''date limite'' de péremption. Nos actions ainsi sont dénuées de toute portée, et en s'enfermant dans de telles croyances aux apparences de faits, nous nous enterrons peu a peu. Approfondissons l'aspect matériel de l'apparente dualité:

BG, V.II, 4:

Terre, eau, feu , air, éther, mental , intelligence et faux-égo: ces huits éléments, distincts de Moi-même, constituent Mon énergie inférieure.

Le Svatvata Tantra précise:

''Créant l'univers matériel, l'émanation plénière de Krshna, Vishnu revêt trois aspects. Maha-Vishu d'abord crée la totalité de l'énergie matérielle, ou Mahat-Tattva. Le second, Garbho-Dakasayi Visnu, pénètre en chaque univers ou il fait naître la diversité. Le troisiéme, Ksirodakasayi Visnu, est partout présent; il pénètre jusqu'au moindre atome, et on le désigne sous le nom de Paramatma, l'âme suprême. Quicquonque atteint la connaissance de ces trois Visnu peut s'Affranchir de l'esclavage de la matière.''

La matiére peut donc être vue comme une énergie inférieure (Binna Prakrthi) de Brahma, le Principe Cosmique. Comme l'indique le verset de la BG, l'énergie matérielle compte huit éléments de base, dont les 5 premiers, - Terre, eau, feu , air, éther - sont dits 'géants' ou bruts.

Ces derniers constituent les manifestations physiques de l'odeur, du goût , de la forme, du tact et du son, soient des 5 objets des sens, qu'ils enblobent.

La science matérielle ne va pas au-dela de ces 10 éléments: elle ignore les trois éléments subtils que sont le mental, l'intelligence et l'égo matériel. Cet égo - qui fait penser 'je suis' et 'je possède' - est la base même de l'existence matérielle, et il comprends 10 nouveaux éléments: les organes de perception (le nez, langue, yeux, peau, oreille) et les 5 organes d'action du corps (la bouche, les jambes, les bras, l'appareil génital et l'anus). L'intelligence se rapporte a la totalité de la création matérielle (mahat-tattva).

Les 24 éléments de la nature matérielle sont donc manifestées a partir des 8 énergies distinctes du Seigneur dont parle le verset de la BG, elle rejoint la philosophie athée du Sankhya. http://en.wikipedia.org/wiki/Samkhya

Approfondissons maintenant l'énergie supérieure du Principe.

BG, V.II, 5:

'' O Arjuna aux bras puissants, outre cette énergie matérielle, une autre énergie est Mienne, une énergie supérieure, spirituelle. les êtres vivants, qui luttent avec la nature matérielle, et par quoi l'univers subsiste, la constituent.''

C'est donc par les êtres vivants qu'agit l'énergie matérielle, soit par les huits principaux éléments matériels. Elle est objet d'exploitation dans leur main, dénuée de tout pouvoir indépendant, et doit être mise en oeuvre par l'énergie supérieure (Prakrtim Param), laquelle, est en dernière analyse, contrôlée par sa source.

Voici selon la Srimad-babhavatam la position de l'être distinct face au Seigneur suprême;

SB, 10.87.30

''Ô Toi, le suprême, l'éternel ! Si les êtres incarnés étaient, comme Toi, éternels et omniprésents, alors ils seraient pas par Toi dominés ! Mais en vérité, ils sont d'infimes parcelles de l'une de Tes énergies et Te sont toujours subordonnés. C'est pourquoi ils ne peuvent atteindre la libération compléte qu'en acceptant Ta tutelle, en s'Abandonnant a Toi; alors seulement ils trouveront le bonheur et seront en pleine possession de leur pouvoir. Les ignorants qui prônent l'égalité absolue de Dieu et des êtres vivants (monisme) prennent certes la voie mauvaise, entrainant avec eux de nombreux innocents''

En faisant parti de Son énergie supérieure, c'est que notre nature participe a la Sienne. Toutefois personne ne posséde quantitativement les mêmes pouvoirs que Lui. Car en manipulant les énergies matérielles, grossières ou subtiles, l'être distinct devient , par elles, conditionné. Sous l'influence de la matière il oublie son mental et son intelligence spirituelle. En devenant pleinement conscient de Dieu, il abandonne ces faux concepts et alors peut fusionner avec Dieu (c'est la Mukti). Alors ses oeuvres sont en tout temps adéquates, dénuées de karma, de dualité, de mal.

77
La voie du ciel (c'est-à-dire le ciel) est comme l'ouvrier en arcs, qui abaisse ce qui est élevé, et élève ce qui est bas ; qui ôte le superflu, et supplée à ce qui manque.Le ciel ôte à ceux qui ont du superflu pour aider ceux qui n'ont pas assez.Il n'en est pas ainsi de l'homme : il ôte à ceux qui n'ont pas assez pour donner à ceux qui ont du superflu.Quel est celui qui est capable de donner son superflu aux hommes de l'empire. Celui-là seul qui possède le Tao.C'est pourquoi le Saint fait (le bien) et ne s'en prévaut point.Il accomplit de grandes choses et ne s'y attache point.Il ne veut pas laisser voir sa sagesse.

Ainsi s'achéve ces quelques explications sur la connaissance de la dualité dans l'unité, inspirée de la BG traduit par Swami Bhaktivedanta, de la SB traduit par Swami Bhaktivedanta, du Svatvata Tantra et de plusieurs upanishads ainsi que du livre du tao.

2 commentaires:

Nibelung a dit…

L'Homme est Un. Le corps matériel + l'ame ne font pas un homme. L'homme est plus que la somme de ses parties. Il est l'interaction entre ses composants, l'interaction avec le milieu. Dès lors toute démarche spirituelle niant le rôle du corps, ou diminuant la valeur de celui-ci ne saurait aboutir. Le Créateur a voulu le monde physique, il faut donc en tirer les conséquences. Et il n'est pas innocent,qu'à la fin des temps, l'Homme sera placé plus haut dans la hiérarchie spirituelle que les anges.

Karmaworld a dit…

Le concept dvaitaadvaita n'est pas évident a saisir.
Il explique justement la dynamique entre le milieu et l'homme - reprochant implicitement, a l'inverse, la seule considération physique de l'homme selon les émanations inférieures...
Dans cette philosophie le rôle du corps n'est pas renié, au contraire mis en perspective par le Karma et le Dharma qui s'inscrivent dans la matière. Simplement ils ne sont pas une fin en soi...